GUY DAVIS:  Kokomo Kidd (2015 – M.C. Records)



Avec ce disque, l’artiste new-yorkais sort des sentiers battus du blues pour se plonger dans une ambiance plus intimiste avec un minimum d’arrangements. Si « Kokomo Kidd » (qui donne son titre à l’album) ne fait pas grand effet, on frôle en revanche le sublime avec « Wish I Hadn’t Stayed Away So Long », une ballade mélancolique « Old West » avec banjo et harmonica. Cette chanson poignante raconte l’histoire d’un gars qui rentre au pays et dont la mère est morte pendant qu’il faisait la route. On est saisi par la beauté qui se dégage de l’alternance harmonique entre les accords majeurs et mineurs. De plus, la voix blues de Guy Davis contraste de façon très réussie avec la coloration country du morceau. « Taking just A Little Bit Of Time », avec une guitare en finger picking et un banjo, rappelle un peu le style de Lead Belly. Cette alternance entre accords majeurs et mineurs ravit encore les oreilles de l’auditeur. Même traitement harmonique pour le superbe slow « She Just Wants To Be Loved », décoré d’une section rythmique et d’un orgue. Le country blues « Like Sonny Did » est rehaussé d’un harmonica à la Sonny Terry. Et puis, Guy surprend tout le monde en reprenant « Lay Lady Lay » (de Bob Dylan) de façon légèrement laid-back (un peu dans le style de JJ Cale) et avec beaucoup de sensibilité. Le solo de mandoline et la guitare électrique ajoutent à l’émotion qui se dégage de ce titre. Notons la présence de Charlie Musselwhite à l’harmonica sur la reprise de « Little Red Rooster » et le jeu en fingerpicking de Guy sur « Maybe I’ll Go » qui mélange les styles de Lead Belly et de Big Bill Broonzy. Le country blues “Have You Ever Loved Two Women (But Couldn’t Make Up Your Mind ?)” s’apparente à la même ambiance que le “Mississippi Kid” de Lynyrd Skynyrd. Guy Davis termine son album avec une reprise de Richie Havens, “Wear Your Love Like Heaven”, interprétée en reggae surprenant mais sympa et mélodieux avec un solo de guitare en prime. Voici donc un disque rafraîchissant sonnant très « roots », assez inhabituel pour quelqu’un qui vient de New York. Un retour à l’essentiel !

Olivier Aubry